Le parrainage de Thierry : Un évènement !
La famille Guinaudeau réunie devant l’église de Lairoux à l’issue de la cérémonie du baptême de Thierry le dimanche 17juillet 1960 avec la présence de Monsieur Costa sous-préfet de Fontenay-le-Comte venu représenter le général De Gaulle.
Quand Thierry est né, Maryvonne était employée comme bonne à tout faire chez des quincailliers de La Rochelle.
Ceux-ci furent très étonnés quand Maryvonne leurs apprit que sa mère venait de mettre au monde un 17ème enfant et ils lui dirent qu’un évènement aussi exceptionnel méritait bien que le président de la république en soit le parrain. Ils proposèrent à Maryvonne de l’aider à écrire une lettre afin de solliciter le parrainage du général De Gaulle qui avait été élu président de la république en 1958 et qui était donc en fonction cette année 1960.
Maryvonne leurs demanda quelques jours de réflexion afin de me mettre au courant, et me demander ce que j’en pensais.
Le dimanche suivant, Maryvonne est venue au Raccord et m’a donc demandé ce que je pensais de l’idée de ses patrons. Je lui répondis que je n’y voyais pas d’inconvénient, bien au contraire puisque c’était à monsieur Bardin de St. Denis que notre mère avait demandé d’être le parrain de Thierry. Si cette personne était bien vue de nos parents, pour nous les enfants, c’était différent et en particulier pour moi qui voyais en ce personnage un profiteur insatiable.
De retour à La Rochelle, Maryvonne aidée et conseillée par ses patrons, écrivit la lettre au président de la république.
Quelques jours se passèrent et papa et maman furent convoqués à la mairie, où le maire : Monsieur Sureau leurs fit prendre connaissance du courrier qu’il avait reçu de l’Elysée stipulant que le général De Gaulle acceptait d’être le parrain de Thierry, mais que retenu par ses obligations de chef d’état, il serait représenté par Monsieur Costa le sous-préfet de Fontenay-Le-Comte.
Stupéfaction de maman et de papa, puis désapprobation de maman qui dit au maire que le parrain était déjà choisi et qu’elle ne voulait pas qu’il soit changé. Le maire ne l’entendit pas de cette oreille ; il lui répondit qu’une telle proposition ne se refusait pas et que ce n’est pas lui qui écrirait la lettre de refus que maman lui demandait de rédiger.
Mise devant le fait accompli, elle se résigna donc et alla remercier Bardin qui ne se montra pas frustré à ce qu’une telle personnalité lui soit préférée.
Elle avait quand même fait cette démarche à contrecœur car la célébrité du futur parrain de même que les honneurs dus à son rang qui s’imposaient à lui être rendus l’inquiétait un peu beaucoup.
Il allait lui falloir mettre de l’ordre à la maison, recevoir plein de journalistes et se mettre sur son 31.
C’est moi qui fis les frais de sa contrariété et de sa mauvaise humeur et elle m’accusa (une fois de plus) d’avoir manigancé contre elle, papa prit alors ma défense ( encore une fois), ce qui ne la calma pas, bien au contraire.
Moi aussi, je voyait arriver ce jour avec appréhension, car la remise du bouquet de fleurs ainsi que le discours de bienvenue pour le sous –préfet m’avaient été attribués.
C’est Monsieur Maillet l’instituteur qui rédigea le texte, puis me le fit apprendre pour que j’aille ensuite lui réciter afin qu’il soit assuré que je le faisait bien correctement.
Quand le grand jour arriva, Claude et Dédé étaient absents, car ils effectuaient leur service militaire, mais Michel était de retour et Gérard attendait sa feuille de route.
Crica l’épouse de Claude était la future marraine ; c’est son père Monsieur Magny qui vint la conduire en voiture, Madame Magny était restée à Orléans pour garder le bébé de Crica ( Christian ) né 2 mois après son oncle Thierry le futur baptisé.
A cette époque, si le bébé n’était pas baptisé dans les trois jours qui suivaient sa naissance, la sonnerie des cloches n’était pas autorisée.
Monsieur Magny pestait contre ce dictat, et quand la cérémonie fut terminée, alors que tout le monde se trouvait à la sacristie pour signer le registre ; il prit les enfants de chœur à part, leurs fila une bonne pièce et leurs dit : « Allez sonner les cloches c’est De Gaulle qui paye ». Ceux-ci ne se leurs firent pas dire deux fois, et aidés du père Magny ils tirèrent sur les cloches qui sonnèrent à toute volée.
Comme prévu, le curé accourut furibond réitérant les ordres d’interdictions et des sanctions dont il pourrait être victime s’il ne mettait pas fin à cette manifestation sonore.
De mauvaise grâce, les sonneurs finirent par lâcher les cordes, mais nos carillonneurs cachaient mal la satisfaction d’avoir passé outre l’interdit.
Thierry a fait la connaissance de son parrain le général de Gaule à l’occasion de sa visite en Vendée en 1965. Thierry a surtout été impressionné par D.S.19 noire de la préfecture venue les chercher avec un chauffeur en casquette. Par contre, il ne se souvient que très peu du couple présidentiel et de l’entretien qui eut lieu dans un salon privé de la préfecture de La Roche sur Yon. Ils y furent introduits après que l’évêque de Luçon qui les avait précédés ait terminé le sien..
Pendant l’entretien,.c’est surtout Madame De Gaulle qui a posé des questions sur la santé et la scolarité de Thierry. Le Président s’étant limité de dire en s’exclamant à leur entrée, qu’il était ravi de recevoir un filleul et que c’était pour lui un moment agréable : Laissant sous – entendre que les autres ne l’était pas forcément, ceux-ci étant le plus souvent un concert de doléances.
De retour à Lairoux, le père Galeste se plaignit que le général ne lui avait même pas offert un verre, et Yvonne regrettait d’avoir offert une si belle gerbe à Madame de Gaulle qui n’en avait pas pris cas.
Tous deux étaient en fait ravis d’avoir pu s’entretenir avec le chef de l’état et son épouse. Si ils faisaient ces petites réflexions, c’était pour que les habitants de Lairoux ne s’imaginent pas qu’ils avaient pris la grosse tête pour autant.
Quand Claude a été libéré de ses obligations militaires, je suis retournée au Raccord. Le désordre et le laisser-aller avaient pris des allures de catastrophe à la maison.
Adrien qui avait aidé maman à tenir la maison pendant les deux ans où il avait suivi des cours par correspondance effectuait à son tour le service militaire. Maryvonne était à La Rochelle, Gérard baroudait en Algérie et maman se retrouvait de nouveau enceinte !
Maman était complètement débordée, dépassée par les tâches et les problèmes de toutes sortes, elle ne s’occupait plus guère de Thierry qui était un bébé très mignon et qui pleurait peu. J’ai alors retroussé mes manches pour parer au plus pressé et améliorer la situation, à la grande satisfaction de Papa.