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     La ferme du Raccord 

 

 

              1949. Adrien et Yvonne quittèrent la Butte des Chaumes pour prendre en ferme celle du  Raccord.

            C’était les époux Mallard qui exploitaient cette ferme, mais ne l’habitaient pas, car ils exerçaient déjà dans une autre à La Motte de Chasnais.

      La ferme du Raccord 

       : Elle est située au bord de la route qui relie Lairoux à St. Denis du Payré, juste avant celle de la Fâche dans la direction de St. Denis. La partie du bâtiment au bord de la route a été reconstruite en 1968 et a remplacé la vieille chambre, la cave, la buanderie et le four à pain, par deux nouvelles chambres dont les fenêtres donnent sur la route, des toilettes et une salle de séjour qui elle ouvre au sud sur la cour.

         Le mur sur lequel est fixé le panneau ‘ Le Raccord’ est celui du jardin potager.

                                                   C’est en ce lieu que sont nés :

                                                   Daniel  le 24 juin  1950

                                                   Chantal le 2 novembre 1951

                                                   Nicole le 13 novembre 1952 ( maternité de Luçon )

                                                   Yannick le 11 septembre 1954         ‘’

                                                    Maryline le 30 janvier 1956              ‘’

                                                    Didier le 19 août 1957                       ‘’

                                                    Thierry le 26 Février 1960                 ‘’

Dix-huitième et dernier enfant : Philippe le 9 avril 1961 ( à terme mais sans vie ) ‘’

 

  La ferme du Raccord en 1969

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                 Michel, Claude, Raymond _Thierry et son neveu Christian _ Pascale et Christian Guinaudeau

               Le père Galeste racontait à ses enfant que lui et Yvonne avaient quitté l’école à 11ans comme beaucoup des enfants de la campagne à cette époque. On les gageait alors dans les fermes où ils étaient le plus souvent exploités et abusés.

               A la saint Jean pour les travaux d’été, puis à la saint Michel pour les travaux d’hiver, les candidats étaient présentés alignés devant les employeurs afin que ceux-ci puissent mieux juger leur valeur physique, un peu comme ils le faisaient pour le bétail. Si l’été il y avait du travail pour tout le monde, l’hiver les moins costauds restaient sur le carreau.

               La paye versée pour la période d’été ( trois bons mois ) était à peu près équivalente à celle versée pour la période d’hiver ( neuf petits mois ). L’été, le travail commençait avec le soleil pour arrêter quand il se couchait, par contre, l’hiver, certains jours il n’y avait pas de gros travaux à faire et les horaires de travail suivaient un peu le soleil également.

               Il racontait aussi comment se prenait un repas chez le patron : Celui-ci assis au bout de la grande table, se servait le premier et raflait presque tout le beurre surnageant  la platée de mogettes. Quand il avait fini de manger il fermait son couteau, et à ce geste, tout le monde devait se lever et quitter la table.

               Il affirmait également avoir mangé à une table ou les assiettes et les fourchettes étaient inexistantes. Des cavités avaient été creusées dans l’épaisseur de la table pour recevoir la nourriture : C’était le plus souvent de la soupe et de la mojette que l’on y puisait avec la cuillère et des grosses bouchées de pain.

                Il en était ainsi des us et coutumes à la campagne de son temps, et lui comme Yvonne ne semblaient pas avoir gardé de ces pratiques quelque haine ou ressentiment.

               Jeannine, bien que très jeune apprécia les grandes pièces qui donnaient plus d’espace pour vivre qu’à La Butte. Elle se souvient que dans la première année de l’installation des Guinaudeau au Raccord, il y avait un potager dans le mur à côté de la cheminée. Le potager dont il est question, était une sorte de réchaud aménagé dans une cavité pratiquée dans un mur qui utilisait les braises prélevées dans la cheminée. Ce réchaud servait plus à réchauffer ou à faire mijoter les plats ou à les conserver au chaud plutôt qu’à cuire les aliments, il fut vite supprimé et remplacé par la cuisinière à bois.

               Cette première année, le four à pain fut utilisé pour cuire les pâtés et les rôtis de la cuisine du cochon, puis la brioche de Pâques. Ce four ne gardait pas bien sa chaleur, aussi celui des Rivoisy à la ferme d’à côté lui fut préféré pour les années suivantes ; de plus le père Galeste avait entreposé ses barriques de vin au fond du même local qui abritait le four, et il préférait que celui-ci reste toujours le plus frais possible.

               Au Raccord, Jeannine conserve le souvenir de la naissance de Chantal, où elle écoutait à la porte de la chambre de sa mère à la fois inquiète et curieuse de savoir se qui pouvait bien se passer à l’intérieur en présence de la sage -femme.Elle se souvient également que sa maman avait eu a subir une fausse-couche et Jeannine avait été impressionnée par le  sang répandu un peu partout. La naissance de Nicole ( 1952 ) fut la première qui eut lieu à la maternité de Luçon Puis ce fut celle de celle de Yannick, et c’est ce jour là que Jeannine a actionné l’interrupteur de la lampe électrique. L’installation avait été réalisée pendant le séjour d’Yvonne à la maternité. Auparavant, la famille s’éclairait au moyen de lampes à pétrole : Lampe- tempête pour la grange et lampes Pigeon pour l’intérieur. Ces dernières étant détériorées et fonctionnant mal, une lampe alimentée par une petite bouteille de gaz sur laquelle elle était vissée ( genre camping-gaz ), avait été achetée un peu avant la venue de l’électricité.

             La commune de Lairoux avait la triste réputation de faire partie des bourgs noirs : municipalités qui dans les années 40 n’étaient pas encore reliées au réseau électrique. Lairoux  ne le fut qu’en 1949 et le Raccord au mois de septembre 1954.

                 Jeannine n’aime pas trop évoquer les souvenirs de son enfance, elle dit que pendant sa jeunesse, elle ne s’est pas sentie particulièrement malheureuse et a même passé de bons moments au milieu de ses frères et sœurs. Mais, se remémorer cette tranche de vie lui rappelle des moments difficiles autant que de scènes pénibles qu’elle n’a pas aimées ; et certains faits  passés lui procurent encore peine et affliction. De son enfance, elle n’a pour ainsi dire pas de souvenirs de jeux avec des camarades, de parties organisées entre gosses et une absence totale de moments d’oisiveté ; à la ferme, il y avait toujours quelque chose à faire.

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