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           Le jour où Fernand Baudry est allé chercher la 203 à Fontenay, c’était en été et il faisait chaud, le chauffage était enclenché et Fernand n’a pas su le supprimer. Arrivé à Lairoux, il était rouge et cuit comme une écrevisse !

          Arrivé à l’an 2000, Fernand toujours fidèle à Peugeot a acquit une 306 et a aussitôt emmené ses petits enfants pour l’essayer. En cours de route, il voulu baisser une vitre, impossible de trouver la manivelle ! Ce sont ses petits enfants âgés de moins de dix ans qui ont découvert qu’il suffisait d’appuyer sur un bouton. Ceux-ci avaient également mis en marche l’autoradio et Fernand dut aller demander à son fils Raymond de l’arrêter ne voulant pas se risquer dans le bidouillage. Fernand le berger est resté attaché aux choses simples et naturelles et il n’aime pas se pourrir la vie avec les complications technologiques.    

           Quand Papa faisait sa tournée de laitier, le cheval Pomadin rentrait la charrette sans être guidé, il connaissait le trajet par cœur. Il lui arrivait même de rentrer sans Papa, et Maman inquiète envoyait un de mes frères à sa recherche pour savoir si rien de grave ne lui était arrivé. Le frangin sautait sur un vélo et faisait le trajet inverse, celui-ci le trouvait le plus souvent attardé au bistrot ou dans une cave. Quand le père se mit à faire sa tournée avec le camion, l’inquiétude grandie au Raccord, mais là encore, son Bon Dieu le protégea !

                                                          Le café Plissonneau et la cordonnerie.

                           

                                                Le lait, le vin, les gendarmes et le père Galeste.

                                                  Histoire vécue et racontée par Raymond Plissonneau.

           Vers 1960, Adrien se présenta dans le bistro de mes parents un jour où je m’y trouvais.

_ « Oh les gars ! Ne pourriez-vous pas venir me donner un coup de main, j’ai viré trop de court chez Genêt, et le cul du camion a une roue dans le fossé. »

           Nous avons été chercher des perches pour faire levier, et nous sommes partis chez Genêt, qui lui aussi est venu donner un coup de main.

           Voyant le camion chargé de 4 ou 5 bidons de lait de cent litres, je propose à Adrien de les descendre ; mais Galeste n’est pas d’accord, il dit que c’est du caillé qu’il doit livrer le lendemain et que ça l’embête de les descendre ; il pense qu’il vaut mieux les faire glisser sur l’autre côté du camion.

            Les gendarmes passent sur ces entre-faits et s’arrêtent. Ils descendent de leur véhicule et proposent de nous aider. Galeste s’empresse alors de leurs répondre que ça marchera sans leur aide parce que l’on est largement en force.

            Nous avions beau tirer sur les leviers, pas moyen de relever le camion !

            Genêt dit alors : « Ecoute Galeste, tu nous fatigues avec tes bidons, on a qu’à les enlever, sinon on n’y arrivera jamais. » Alors Adrien un peu dépité répondit : « Bon, si on ne peut pas faire autrement, on va les enlever. »

              Nous nous y mettons donc, et alors que j’aidais Genêt à descendre un bidon, un peu de liquide rougeâtre lui sauta sur la main, il la mit sous son nez, la renifla et me glissa dans l’oreille : « Bon diou, olé do vin, faut qui fassions attention aux gendarmes. »

              Justement, ceux-ci reviennent à la charge en disant : « Vous êtes sûrs que ça va aller et que vous ne voulez pas un coup de main ? »

              Tout le monde s’est alors dépêché à les remercier et leurs dire qu’on avait vraiment pas besoin d’eux.

              _ Bon, hé bien puisse que nous ne sommes pas utiles, nous allons nous en aller dit le chef en remontant dans l’Estafette. Allez, Au revoir !

             _ C’est cela, au revoir. Ouf ! Lucienne, vas chercher do verres dit Galeste.

            _ Chercher do verres ? Fit Lucienne, vous allez quand même pas bouêre do caillé !

            _ Vas donc en chercher puisqu’eul to dit ! Répliqua Genêt.

            Un instant après,  la camion était sur ses quatre roues et Galeste faisait sauter le couvercle d’un bidon, y plongeait un verre et le ressortant plein de vin nous dit : « Hé bien, vous ne vous en doutiez pas de celle-là ? »

             _ Oh si, fit Genêt, parce que les couvercles de tes bidons feurmont pas juste.

            Il expliqua à Adrien tout étonné comment il avait reçu du vin sur la main et découvert le pot aux roses. Et tous de dire : Galeste, te l’as échappé belle !

             Précisions : Galeste faisait une vigne à moitié . Il partageait la récolte avec le propriétaire qui était le patron du bistro de Bel-Air. Il écrasait et pressait le raisin chez le propriétaire à Port-La-Claye. La vinification effectuée, pour ne pas payer de droits de transport, il véhiculait le produit dans des bidons de lait pour passer inaperçu.

 Rateau, un vidangeur de Fontenay le Comte passait lui, du vin en fraude dans un tonneau coincé sur une aile de son camion de vidange à la vue de tout le monde et ne s’est jamais fait prendre. Les gendarmes devaient sans doute s’imaginer qu’il s’en servait pour recueillir le trop plein de sa marchandise, ils ne se risquaient pas à y mettre leur nez et leur sens olfactif pour vérifier.  

                                     Pomadin et Claude               Le camion pour le ramassage des bidons de lait                   

 

          Le tonton Julien devant le camion laitier qui a été équipé d’un banc pour les passagers du dimanche et à gauche, c’est Claude qui caresse le cheval Pomadin.

           Au temps du tramway, la tête de papa avait rencontré un de ses rail plutôt violemment ( voir page 17 ). Quelques années passèrent, et alors qu’il faisait toujours sa tournée avec sa charrette ordinaire ( avant le plateau ), le cheval démarra avant qu’il est eu le temps de poser son pied sur le marche-pied pour grimper dans le véhicule. Déséquilibré, il tomba sur le chemin devant la roue qui lui passa sur le corps. Il s’en tira cette fois-ci  avec une fracture du bassin et quelques autres contusions.

           Jamais deux sans trois comme on dit, une autre fois ce fut l’épaule !

           Avec le camion, il n’eut pas d’accidents graves, mais quand même quelques accrochages dû à une absorption de liquide qui n’était pas de l’eau. Un jour la mère Ratier épluchait ses légumes pour la cantine devant sa maison et au ras de la route ; de nature curieuse elle avait l’habitude de faire ainsi ses pluches pour se tenir au courant des nouvelles locales. Le père Adrien la rasa de  si près avec son camion qu’il écrasa la bassine d’épluchures, et il continua sa route ne s’étant rendu compte de rien au grand dam de la cantinière. D’autres jours, il bouscula aussi une herse accrochée à un tracteur puis coupa un poteau en deux et affala une pancarte, mais à part cela, rien, ou presque !

          Nota : Pendant les années 60, Galeste s’approvisionnait en petites patates à la Terrière chez René Raballand qui était récoltant. Claude le boulanger marié à Jeannine venait leurs  donner un coup de main pour faire le chargement du camion. Celui-ci n’a jamais entendu son beau - père se plaindre de quelques douleurs que ce soit ou avouer qu’il était quelque peu handicapé dans ses mouvements ( Note de Claude Rousseau) :

           Deux  facétieux :

           Claude et Michel proposèrent un soir à Gérard de l’emmener à la chasse au bitard. Bien naturellement il accepta, ravi qu’il était de participer à la capture d’un animal dont il n’avait encore jamais entendu parler. « Qu’est-ce qu’il faudra que je fasse ? » s’inquiéta Gérard.

          _ « Tu n’auras qu’a tenir le sac, et quand le bitard entrera dedans, tu le refermeras. »

           Ils partirent donc tous trois dans la nuit jusqu’au bout d’un champ où Gérard fut posté devant un buisson. Ses deux frères lui firent tenir un sac la gueule grande ouverte face à la sortie d’une musse.

          _ « Tu ne fais pas de bruit et tu attends », lui conseillèrent une dernière fois ses sacripants de frères en s’éloignant.

           Et Gérard attendit, attendit...

           Claude et Michel étaient rentrés à la maison et riaient sous cape.

           Au bout d’un moment, la mère Yvonne s’est inquiétée et leurs a demandé :

           _ Qu’étôt que vs’avé fé  d’Gérard ?

           _ Oh ! Gérard, lé au bout do champ avec un sac, pis l’attend que l’bitard entre dedans.

          _ Retornez l’chercher espèces de p’tits fi de vesse.

          _ Le rentrera bé to sul !

           Finalement, Yvonne prit une lampe électrique et s’en alla chercher le chasseur de bitard. Elle le trouva, il attendait patiemment que la bête promise s’engouffre dans le sac. Elle  lui expliqua alors que ses deux grands frères venaient de lui jouer un mauvais tour.

           Claude et Michel considéraient qu’une fois qu’ils avaient franchi la pancarte de sortie du bourg de Lairoux, et qu’ils s’engageaient sur le chemin du Gorgeais, ils s’aventuraient alors en milieu hostile. Chaque village avait un esprit de clan et il ne fallait pas grand chose pour déclencher une bagarre entre gamins. Le village du Gorgeais est riche en arbres fruitiers : Claude et Michel aimaient bien y chaparder quelques cerises dont ils étaient friands.

           Un jour qu’ils rôdaient autour de la maison de la grand’mère maternelle de Michel Craipeau ( L’ancien député-maire de La Rochelle ). Celui-ci était présent, venu passer quelques  vacances au château de la Chevalleraie ; quand il les vit, il leurs jeta des pierres pour les faire fuire. C’est bien ce que firent les deux frangins, mais pas sans avoir répondu à leur tour et cailloché le grand ( Michel Craipeau avait 4 ans de plus que Claude )

                                                                   Les deux caillocheurs.

 

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