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Garanjou

       La ferme de Garanjou à St Denis du Payré.

           En 1938, Adrien et Yvonne s’en allèrent de La Maison Neuve pour Garanjou à St. Denis Du Payré où les époux Sarrasin qui y étaient fermiers, les employèrent en qualité de bordiers, et c’est dans cette ferme que naquit Claudette le 27 novembre 1938.

            Le 16 janvier 1940 ce fut la naissance d’Adrien ( Dédé ).Michel Sarrasin fut son parrain et sa femme sa marraine. Cette naissance eut pour conséquence d’ajourner la mobilisation d’Adrien et d’annuler son départ à la guerre. Ce ne fut pas la cas du  parrain de Dédé pour lequel aucun évènement familial ne s’est produit pour l’empêcher de partir, et il fut fait prisonnier au cours du mois de juin.

             Galeste et les deux femmes assumèrent les travaux de la ferme tout pendant que le patron était retenu captif en Allemagne. Le père de Madame Sarrasin qui habitait St. Denis, venait dans son char à bancs surveiller de temps en temps le bon fonctionnement de la ferme.

 

 Le 17 août de cette année 1940, Claudette tomba dans l’abreuvoir et s’y noya.

         

            L’année suivante, le 7juin 1941, Gérard vint compléter la famille et le 9 septembre 1942, ce fut Raymond qui permit avec sa venue au monde la réalisation du quinté de garçons.

            Au cours de ces années, Michel qui jouait derrière une charretée de foin donna un coup de pied dans la béquille et la charrette bascula par l’arrière. Elle tomba sur un de ses  pieds et il ne put le dégager, personne n’était à proximité pour intervenir, et quand enfin on retrouva Michel avec la patte toujours coincée, le gamin s’était endormi ! Il en a gardé depuis une petite bosse sur le pied.

            Michel et le fils Sarrasin étaient du même âge et devaient avoir 6 ans alors qu’ils se trouvaient devant la cheminée et que la garde de Dédé leurs avait été confiée, celui-ci échappa à leur attention et tomba dans le feu. Affolement et précipitation des personnes appelées au secours ; les brûlures du bambin furent soignées par l’application de la chair d’une pomme de terre fraîchement coupée et frottée sur les cloques : Médecine de campagne, médecine de bonne femme !

            Claude se souvient qu’à Garanjou, au moment de l’ail nouveau, pour le casse-croûte , il se taillait des tranches de pain dans la grosse miche, les tartinait de crème fraîche, puis les garnissait de très fines tranches d’ail nouveau avant de les enrober d’une bonne couche de mojettes ( lingots de Vendée ), un régal.... ! Il a aussi le souvenir des artichauts mangés crus avec du beurre et dont la queue était elle aussi consommée après avoir été pelée.

           Les Allemands ayant demandé aux habitants de déposer à la mairie toutes les armes à feu qu’ils possédaient, y compris les armes de chasse, Galeste prit son fusil avec l’intention d’obéir aux injonctions car elles étaient accompagnées de menaces punitives sévères. En cours de route il se ravisa, fit demi-tour et alla cacher son fusil de chasse sur une poutre du grenier au ras du plafond.

             Les aînés des garçons se souviennent que des étrangers ( Deux aviateurs Anglais  ) sont restés cachés à Garanjou pendant deux ou trois jours. Ils étaient dissimulés au milieu d’un champ de blé et les deux femmes allaient leurs porter de quoi manger et aussi de quoi boire ( du vin ). Claude était chargé d’aller tirer le vin à la barrique, et devant la clandestinité de la situation, il avait cru bon de remplacer la quantité du breuvage qu’il prélevait dans le tonneau par la même quantité d’eau. ( Une dizaine d’années plus tard, Galeste reprochait encore à son fils de s’être livré à un tel sacrilège ). Les  plus grands des enfants avaient reçu comme consigne d’alerter les adultes si ils voyaient les soldats allemands se diriger vers la ferme, car depuis quelque temps on pouvait voir ceux-ci patrouiller sur les routes et les chemins environnants.

              C’est Claude qui les vit arriver le premier et qui donna l’alerte. Les Allemands inspectèrent les lieux et posèrent des questions, puis ne trouvant rien de suspect s’en retournèrent. Dédé se souvient qu’ils avaient distribué des bonbons aux enfants afin d’atténuer leur méfiance et de pouvoir leurs délier la langue plus facilement.

              Madame Sarrasin et les Guinaudeau avaient pris de gros risques ! Gouraud et Neau  du Rocher de la Dive qui avaient recueilli puis caché des aviateurs anglais avaient eux été arrêtés, internés, puis exécutés au Mont Valérien à Nanterre après avoir tenté de s’enfuirent de la prison de Tours.

              Après la guerre quand Sarrazin fut libéré et qu’il repris sa ferme en main, Dédé allait rendre visite à son parrain et sa marraine. Il y allait d’autant plus volontiers, que sa marraine était pleine de douceurs et d’attention pour lui.

              Durant ces petits séjours qui étaient : soit le jeudi, ou pendant les vacances scolaires, Sarrazin se faisait un devoir à initier son filleul à la vie et aux travaux de la ferme, mais ce que Dédé appréciait le plus chez son parrain, c’est quand celui-ci lui racontait ses histoires de prisonnier en Allemagne où il avait travaillé dans une ferme.

              En 1946, juste retour des choses, les anciens prisonniers de guerre dont Sarrazin faisait parti, avaient à leur tour le droit de faire travailler des prisonniers allemands dans leur entreprise. C’est ce qu’avait fait Sarrazin et Dédé se souvient que l’un des prisonniers l’avait empêché de s’approcher de la mare où s’était noyée sa petite sœur ( Sans doute que Sarrazin les avaient informé du malheureux accident et donné pour consigne d’éloigner les jeunes enfants du point d’eau ).

              Sarrazin était un homme très rude qui avait une passion pour les chevaux :

              En plus de ses vaches laitières, il possédait un étalon, deux paires de bœufs et Dédé était un peu effrayé par ces gros animaux.

              Son parrain ne comprenait pas que son filleul puisse être aussi différent de lui, car élevé par Galeste, il aurait dû avoir les mêmes affinités. Quand Dédé eut une dizaine d’années, il tenta de le familiariser avec l’étalon, et il lui demanda de faire manœuvrer le cheval qui était la force motrice de la potence servant à ériger la barge de foin.

 

         Dédé, la potence, le cheval et la barge de foin.

 

 

             La barge ici présentée n’est pas celle de Garenjou, mais celle des Tessier à la Tranche-sur-mer. Elle lui est cependant tout à fait semblable avec la potence utilisée pour son érection. A droite, le jeune homme qui guide le cheval, n’est pas non plus Dédé, car quand celui-ci s’est livré à cette manœuvre, il était beaucoup plus jeune et beaucoup plus petit.

           Au début des années 50, quand arrivèrent les grandes vacances scolaires, ce fut donc Dédé qui à Garenjou fit avancer le cheval pour faire monter la fourchée prélevée dans la charrette .Il devait ensuite l’arrêter à la bonne hauteur ( un peu plus haut que la barge ). A ce moment là, un des hommes grimpés sur la barge la dirigeait au-dessus de l’endroit où elle devait être déposée en s’aidant d’une corde reliée au bout de la flèche. Dédé devait alors faire reculer la bête pour que la fourchée se dépose sur le tas de foin, les dents de la fourche étaient écartées , la fourchée libérée et le cheval devait avancer de nouveau pour que la fourche remonte. Celle-ci était une nouvelle fois dirigée au dessus de la charrette et l’équidé devait reculer pour qu’elle redescende sur la charretée où ses crocs étaient une fois de plus plantés dans le foin.

        L’enfant et le cheval semblaient faire bon ménage jusqu’à cette journée orageuse ou la bête montra des signes de nervosité et semblait être agacée par des taons environnants.

         Alors que Dédé faisait avancer le cheval pour que la fourche monte, celui-ci continua sa progression quand son jeune maître lui donna l’ordre de s’arrêter : La fourche continua son ascension, heurta la poulie de la flèche et déglingua le matériel. Sarrazin piqua une colère et engueula copieusement son protégé.

          Laidet ( celui qui deviendra en 1972 le beau-père de Daniel Guinaudeau ) était alors ouvrier agricole et il intervint pour faire remarquer à l’auteur de ces remontrances plus que sévères, que le gamin était bien jeune pour s’acquitter d’une telle tâche sans problème.

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