Les copains et les copines des aînés Guinaudeau à l’école de Lairoux.
Roland et Valy Oliveau_ Maxime et Raymond Plissonneau_ René et Yvonne Ratier.
Le bolide de la Motte
Raymond Plissonneau raconte :
Pendant l’occupation, les Allemands avaient creusé des tranchées étayées au moyen de claies en bois.
Roland Oliveau et moi avions été récupérer de ces claies dans les marais et nous les assemblions de manière à fabriquer une sorte de chariot. Pour le faire rouler, nous avions dégotté de vieilles roues de charrues en fer. N’ayant pas trouvé de petites tiges de fer pour servir de goupilles et empêcher les roues de sortir de l’axe, nous les avions remplacées par des tiges de bois.
René Ratier faisait parti de notre équipe et sa sœur Vovonne nous suivait partout à cette époque. Nous avons alors décidé de partir du haut du bourg et prendre le chemin de la Motte afin d’utiliser une des meilleures descentes existant à Lairoux.
Nous avons grimpé dans notre bolide et nous nous sommes élancés sur la pente. L’engin avait bien pris de la vitesse et il arrivait dans le bas de la descente qui se terminait par une courbe.
Et là, catastrophe !
Une des tiges de bois qui faisait fonction de clavette céda, la roue sortit de l’axe et s’en alla finir sa course folle dans le fossé.
Le chariot ne prit pas le virage, il fila tout droit et entra brutalement dans le buisson ;
Les garçons sortirent indemnes, mais Vovonne avait eu un bras coincé par le véhicule et quelques larmes coulaient sur ses joues ; nous consolâmes la copine et ramassèrent notre matériel pour rentrer discrètement.
Quand la mère de Vovonne apprit notre mésaventure, elle la réprimanda de même que son frère René, puis sur un ton des plus autoritaires leurs lança : « Je ne veux plus vous voir avec ces petits bandits, ils vont vous tuer. »
La voltigeuse.
Raymond Plissonneau aime aussi raconter le vol plané que Roland Oliveau avait fait effectuer à sa sœur Valy alors qu’elle se balançait suspendue à une sorte de trapèze.
Un très grand marronnier se dressait dans la cour de l’école et une barre servant de balançoire avait été accrochée avec des cordes à une de ses plus hautes branches.
Valy était suspendue à cette barre par les bras et Roland la poussait pour faire monter sa sœur de plus en plus haut.
Au cours d’un balancement, l’instrument se trouvait à son apogée quand la trapéziste lâcha prise : Elle partit dans les airs bras et jambes écartés, faisant le saut de l’ange !
Le vol ne dura hélas qu’un instant et l’arrivée au sol fut brutale : Valy s’étala de tout son long et ne bougea plus.
Roland, moi et quelques autres nous sommes précipités vers l’infortunée voltigeuse et nous avons essayé de la mettre sur son séant, mais Valy semblait inanimée.
Roland lui distribua alors quelques gifles en disant : « T’é pas morte hein, t’é pas morte ?
Non Valy n’était pas morte, elle était seulement groggy, elle reprit peu à peu ses esprits, puis se mit à pleurer.
Là son frère se fit menaçant : « Te pleure pas hein ! Et pis te diras rin à maman hein ! Sinon y te foutrai une volaïlle te sé ! ».
Valy garda sa langue et son mal dans les côtes pendant quelques jours et ne conserva de cette voltige que le souvenir.
Les mouillés endimanchés
Roland qui décidément n’en ratait pas une, avait un dimanche après-midi entraîné mon frère Maxime faire une virée en bateau sur le marais inondé plutôt que d’aller à l’église assister aux vêpres.
Seulement voila, le bateau qu’ils avaient emprunté prenait l’eau !
Roland avec ses deux mains jointes mises en forme d’écuelle avait beau écoper à tour de bras le liquide envahisseur, le bateau finit par couler.
En plein milieu du communal, nos deux lascars prirent un bain forcé et les deux endimanchés se retrouvèrent trempés comme des soupes.
Ils revinrent sur la terre ferme et conscients qu’il n’était pas bon pour eux que leurs parents les voient dans cet état, ils quittèrent leurs vêtements et les essorèrent en les tordant autant qu’ils purent.
Ils tirèrent si fort sur une des chaussettes de Maxime que celle-ci se retrouva en deux morceaux.
C’est moi qui le premier vit Maxime quand il entra à la maison et quand il m’affirma qu’il n’était pas mouillé, je lui dis qu’il aurait beaucoup de mal à le faire croire à maman.
En effet, quand elle le vit, elle lui demanda ce qui lui était arrivé et quand celui-ci lui avoua qu’il était tombé dans le communal, il eut droit à sa première paire de baffes.
Le soir, profitant qu’il était attablé pour le souper, papa lui en remit une deuxième, plus sévère celle-là.
Raymond aime bien raconter ses histoires de jeunesse, il en a d’autres à son répertoire et il les narre avec talent . Cela lui reste peut-être du temps où il faisait parti de la troupe de théâtre de Lairoux.
L’intégration sociale de la famille Guinaudeau à Lairoux.
Elle n’a pas été toujours facile, loin s’en faut !
Quand Adrien et Yvonne s’installèrent à la Butte des Chaumes, ils venaient de Garanjou qui était sur la commune de St. Denis, mais dans la partie limitrophe des deux communes. Ils avaient donc déjà établi depuis 4 ou 5 ans des liens avec les gens de Lairoux .
Le père Adrien assurait le ramassage du lait dans les fermes de la commune pour aller ensuite le livrer à la laiterie coopérative de St. Michel-en-L’Herm. Cette collecte lui favorisa un contact presque journalier avec les ( Lairouxiens ? ) ( à confirmer ).
En ce qui concerne les enfants, ce fut différant. Les parents n’étant pas originaires du village et comme en plus ceux-ci habitaient à l’extérieur du bourg, leurs enfants étaient considérés avec défiance, comme des étrangers, voir même des Romanichels.
Il est vrai qu’en raison de leur nombre et du peu d’années qui les séparaient dans l’âge, ( guère plus d’un an le plus souvent ) ; les petits Guinaudeau n’étaient peut-être pas toujours très bien habillés, peut-être pas toujours très propres sur eux, peut-être un peu livrés à eux-mêmes, ou du moins un peu plus que d’autres et pour ces différentes raisons, certains parents demandèrent à l’instituteur que leur enfant ne soit pas assis à côté d’un Guinaudeau, qui soit dit en passant, ne passaient pas non plus pour de grands catholiques dans le sens où les pratiques religieuses se limitaient souvent au minimum, à part Dédé qui fut l’exception.
A l’école les cinq frères Guinaudeau étaient comme les quatre mousquetaires, si un était attaqué, les quatre autres venaient le défendre. Ils formaient une sorte de clan et pour cette raison étaient à la fois craints et combattus.
L’instituteur laïc Monsieur Maillet veillait à ce que les enfants ne manque pas le catéchisme. Les frères Guinaudeau à l’exemple de leur père Adrien n’étaient pas trop portés sur la religion, mais notre mère Yvonne exigeait que ses enfants fassent au moins leur communion solennelle.
Nicole communie
Chantal Maryline Nicole Yannick
Gérard était souvent influencé par ses trois frères plus âgés, ceux-ci arrivaient à lui faire dire des choses auxquelles eux, ne se seraient pas risqués. Notre galopin commença à se faire remarquer par le curé le jour où celui-ci circulant à vélo s’apprêtait a croiser l’équipe de garnements. « Tiens Gérard, quand il passera devant nous, tu feras crôa, crôa » dit l’un d’entre eux. De fait, quand le prélat arriva à leur hauteur, le gamin s’exécuta avec application et fut étonné de voir l’ecclésiastique faire une drôle de tête.
Le curé passait régulièrement au Raccord pour y faire une visite, et la généreuse Yvonne l’approvisionnait avec les produits de la ferme. L’éducation des enfants étaient leur principal sujet de conversation, et comme notre religieux n’avait pas apprécié à avoir été comparé à un oiseau de piètre réputation, les fesses de Gérard firent connaissance avec les brins de la bouillée d’oisis ( osier ) dont la mère se servait pour appliquer une correction.
Dans l’église alors qu’un jour la question du catéchisme était : Qu’est-ce que Dieu ? Ses frères lui dirent qu’il fallait répondre : c’est un petit bonhomme qui n’a pas de cheveu. Et quand le curé posa la question à Gérard, c’est ce qu’il lui a répondu !
Celui-ci d’abord interloqué, saisit l’impertinent par le bras, le sortit du rang et le fit mettre à genoux dans le milieu de l’allée centrale.
A peine le curé éloigné, Gérard se releva, prit la porte et s’enfuit en courant pour retourner à l’école. L’instituteur voyant Gérard revenir seul, fit à moitié l’étonné quand celui-ci lui affirma que le catéchisme était terminé, se doutant bien qu’il s’était passé quelque chose de pas ordinaire.
L’après midi, le curé sauta sur son vélo et se rendit au Raccord raconter l’incident à Yvonne. Quand Gérard de retour de l’école fut attablé pour le goûter, il vit sa mère entrer dans la cuisine armée une nouvelle fois d’un oisi, et Gérard eut encore le droit de se faire corriger.
Jean-Claude le fils de Raoul et Madeleine Brunet les voisins de La Fâche s’associait souvent aux Guinaudeau pour faire des bêtises, et de préférence avec Gérard.
Un jour le curé ( probablement en manque d’effectif ) demanda à Jean-Claude et à Gérard d’être enfants de chœur et de servir la messe.
Nos deux acolytes dans la sacristie furent chargés de remplir la burette de vin. Ils ne trouvèrent rien de mieux que de boire une bonne moitié de la bouteille du vin de messe.
Ensuite, pour camoufler leur méfait, ils remplacèrent la quantité manquante avec de l’eau de la pompe.
Résultat : le prêtre trouva le vin bien plat et ses deux enfants de chœur plutôt énervés. L’office terminé, il leurs annonça que si c’était la première fois qu’ils servaient la messe, c’était aussi la dernière. Alors, Jean-Claude en aparté glissa dans l’oreille de Gérard : « On s’en fout, on a bu un bon coup ».
Gérard Jean-Claude
Une autre fois, nos deux énergumènes affolèrent les bonnes sœurs en grimpant en haut du clocher pour dénicher des nids de grolles ( corneilles ou corbeaux , la société de chasse payait de quelques francs les pattes de nuisibles qui lui étaient apportées) .
L’inquiétude des religieuses les suppliant de descendre les avait beaucoup amusé. Le jour de leur communion solennelle, Gérard et Jean-Claude devaient impérativement assister aux vêpres. Alors qu’ils s’y rendaient ensemble et à pied, chemin faisant, Jean-Claude dit à Gérard : « As-tu vu les nics qu’ola dans les boésins ? Y s’rons bé mu à lé dénicher putôt qu’d’aller aux vêpes. » Ce qui fut dit fut fait et cela eut pour conséquence la déchirure du costume de Gérard, ajouté à cela un nouvel avertissement du curé : Il y eu des représailles !
Il n’y a pas eu que du curé pour distribuer des punitions à Gérard et à Jean-Claude Monsieur Maillet prévenu par son fils Yves qu’ils faisaient passer des billets aux filles, et qu’en plus ils grimpaient pour regarder par le haut des portes quand elles étaient aux cabinets.
Il leurs infligea 15 jours au coin pendant les récréations.
Les petits écarts de Gérard ne lui empêchaient pas la bonne considération de son instituteur. Celui-ci lui avait confié la responsabilité d’assurer une bonne ambiance thermique dans la salle de classe, autrement dit de s’occuper du poêle. Il le citait également en exemple pour sa bonne obéissance.
Une année où Gérard faisait parti des grands, et qu’il était attablé à la cantine, il dit à son petit frère Daniel : « Quand la mère Ratier te servira la mougette, te li diras que t’en vu pas, pasqu’allé rimaïlle ( rimée ) ».
Daniel fit comme lui avait conseillé son grand –frère, résultat de la manœuvre : il se prit une baffe par la mère Ratier qui lui servit quand même une louchée de haricots pendant que Gérard riait comme un bossu, content qu’il était d’avoir pu jouer un mauvais tour à un autre lui aussi.
Raymond était doté d’une mémoire peu commune, il n’apprenait jamais ses leçons et paraissait passer plus de temps debout et puni au coin qu’assis à sa table d’écolier. C’était dans cette position qu’il retenait les leçons du maître et qu’il a pu réussir examen et concours alors qu’il semblait tout faire pour les rater. Quand il réussit le concours de contrôleur sur T.G.V. alors qu’il était le seul concurrent à ne posséder que le certif., sa mémoire l’a sûrement aidé à faire mieux que certains bacheliers.
L’attitude de la dilettante Joselyne lui a valut à elle aussi de nombreuses punitions : Le coin sous le bureau du maître ( une sorte de petit cachot ), la privation de dessert ( atténuée par ses frères et sœurs qui lui refilaient banane ou autre friandise en douce ) ne l’empêcha pas d’accomplir une carrière d’infirmière.
Madame Maillet imposait des punitions qui visait plus le psychisme de ses élèves, mais qui parfois frisait l’humiliation : cahier accroché dans le dos pendant la récréation, poches retournées, retenue dans la classe inférieur pour stimuler l’élève à travailler mieux et ne pas rester avec les plus petits etc...
Adrien ( Dédé ) à l’inverse de ses autres frères fut le catho. de la famille. A douze ans, il demanda à être enfant de chœur, et quelque temps après déclara à sa mère qu’il voulait devenir prêtre. Si la mère Yvonne fut ravie et même transportée de joie à l’idée qu’un de ses fils pourrait faire un jour curé, ses frères et peut-être bien aussi son père crurent qu’il était devenu fou. Finalement, la vocation lui passa aussi vite qu’elle était venue quand il réalisa qu’un prêtre ne pouvait pas se marier ; et comme pour l’achever, le curé lors d’une confession voulu faire dire à son enfant de chœur avec une insistance appuyée, que celui-ci avait péché par la chair... Révolte de notre pauvre Dédé, pour qui la luxure n’était pas encore venue lui hanter l’esprit !
Les garçons devaient le soir rapporter le sacs collectif ( celui de la cantine ). Ils le faisaient à tour de rôle et un jour Raymond l’oublia. Arrivés au Raccord, l’affaire se passa mal, car le père Galeste mis au courant envoya Dédé et Gérard retourner les chercher, il avait pris la forche, et menaçait de la leurs piquer dans les fesses pour aller plus vite.
Une fois de retour avec le sac, c’est la mère Yvonne qu’ils eurent à affronter dans la cuisine. Elle tenait dans la main une poignée de ses oisis préférés comme elle en avait pris l’habitude.
Ne perdant pas le Nord parce que justement il s’y trouvait dans la pièce, Dédé ouvrit la fenêtre qui donnait sur le jardin et s’enfuit sans demander son reste : il laissa Gérard seul se prendre une dégelée.
La nuit était tombée et Dédé n’était toujours pas rentré. Le voisin Raoul Brunet avait décroché le fusil et s’en allait à la chasse ( au vol ) tirer sur les oiseaux de passage ( oies, canards ). En passant près du Raccord, il vit quelque chose qui bougeait dans un buisson. Pensant qu’il s’agissait peut-être d’un sanglier, il arma son fusil et se teint prêt à tirer. C’est alors que Dédé sortit de sa cachette à la grand surprise du père Brunet qui lui clama sa réprobation. Dédé s’était cacher dans ce buisson en attendant que l’orage maternel passe.
Lorsque Gérard a eu 14 ans, il a été gagé chez à la ferme ‘ Les Tendresses’ qui se trouve juste après ‘Le Raccord’ en direction de Lairoux.
Son patron le père Buton était du genre pas facile, un peu original et disposé à bien dresser son nouveau petit valet.
Gérard puisait de l’eau au puits et la transportait ensuite dans les deux seaux accrochés au joug qu’il portait sur les épaules. Il se trouva qu’un jour Gérard avait mal accroché le seau au crochet de la chaîne, et celui-ci resta au fond du puits.
Le père Buton mit sa casquette de travers, prit sa tête des mauvais jours, enguirlanda copieusement Gérard et lui dit de descendre le chercher. Bien que pas d’accord, notre petit valet dut se soumettre et emprunter la grand échelle que son patron avait été chercher.
Arrivé au niveau de l’eau, Gérard récupéra le seau au moyen d’un crochet à tirer le foin, outil qui ressemble un peu à une gaffe. L’accessoire récupéré, le maître des lieux menaça alors de retirer l’échelle et de laisser son aide au fond du puits pour le punir. Madame Buton son épouse intervint alors pour le raisonner et Gérard remonta à la surface.
Le dimanche, Gérard restait à la ferme pour faire du beurre, au sens propre comme au figuré puisqu’il percevait pour cette occupation une pièce supplémentaire.
Un de ces dimanches, Gérard était rentré fort tard et plutôt le lundi matin de bonne heure. Le père Buton qui l’avait entendu rentrer se leva, fit sortir le noctambule du lit et l’envoya passer le rouleau dans un champ alors que le jour était à peine levé.
Gérard assis sur le siège piquait de temps en temps du nez et il décida prudemment de suivre le rouleau à pied plutôt que de prendre le risque de tomber devant emporté par le sommeil ; et tout en marchant, il se disait à lui-même qu’il serait plus sage à l’avenir d’éviter les nuits blanches.
Le père Galeste avait une fois procédé de même avec Michel qui avait oublié de rentrer.
Gérard resta deux ans et demi et revint au Raccord pour remplacer Michel qui partait faire son service militaire.
Quand il fut de retour au Raccord, il a eu maintes fois l’occasion de travailler en commun avec son copain de voisin Jean-Claude Brunet qui entres autres occupations, pilotait le tracteur de la ferme de ses parents.
Au volant de celui-ci et ayant Gérard assis à son côté, il décida de jouer un tour à son père qui les suivait dans sa Juvaquatre alors qu’ils se rendaient à St. Michel faire les vendanges..
Ils étaient rendus dans le milieu de la côte de St. Denis, quand Jean-Claude dit à Gérard : « Serre le frein de la remorque ».
Ce que fit Gérard sans trop se poser de questions : Les roues arrières du tracteur se mirent alors à patiner.
Le père Raoul vint voir et demanda pourquoi ils s’étaient arrêtés.
Jean-Claude_ : « La montée est trop dure, oh faut que tu nous tires ».
Tout en proférant des ‘punaises, punaises’ qui étaient son mot favori, Raoul positionna la Juvaquatre devant le tracteur et relia les deux avec une corde, puis il essaya de tracter l’ensemble.
Jean-Claude lança à Gérard : « Desserre le frein ! ».
Le frein desserré, les deux véhicules gravirent la côte, et nos deux malfaisants rigolèrent comme des perdus.
Une autre fois, Jean-Claude toujours au volant en compagnie de Gérard et Michel, roulait si peu vite dans un chemin truffé d’ornières qu’il perdit l’essieu de la remorque ; une autre fois encore, après avoir pris le virage de la route de Grues en face la statue de la Sainte Vierge dans les mêmes conditions : La mère de Jésus a sûrement dû faire un miracle, car la remorque qui s’était mise en travers avec son chargement de foin ne versa pas.
Michel garde le souvenir de quelques baffes reçues de son paternel et il nous raconte :
_ Une paire pour avoir fougé par amusement dans les petites meules de foin dans le pré du père Grégoire, je descendais alors chercher les vaches au communal.
_ Une autre à 17 ans pour ne pas avoir prévenu mon père qu’il m’était arrivé un accident.
Un dimanche, je m’en étais allé faire une virée à Triaize avec une bande de copains. Tous à vélo, nous venions de traverser St Denis et juste après la descente, une paysanne marchait sur la route en poussant une petite remorque chargée de bidons : Elle s’en allait traire ses vaches dans le communal tout proche. Quand arriva le groupe de cyclistes, les premiers l’évitèrent, mais moi qui me trouvais à l’arrière et qui fonçais tête baissée, je n’ai pas pu !
J’ai rentré dans les fesses de la fermière avec mon vélo, ce qui est semble-t-il une circonstance aggravante !
La malheureuse se retrouva les quatre fers en l’air sur le milieu de la route en poussant des cris d’orfraie. J’ai bien relevé la pauvre femme qui apparemment ne souffrait que de légères contusions, je lui ai décliné son identité, puis j’ai repris la route avec mes copains pour continuer notre sortie hebdomadaire.
Le lendemain matin, il fut réveillé par les mains du père sur sa figure. Celui-ci avait appris sa mésaventure par une tierce personne et n’avait pas laissé passé la chose.
Un autre désagrément était arrivé à Michel avec son vélo ; il était entré en collision avec un autre cycliste en allant porter du linge de rechange à son frère Claude quand celui-ci était pensionnaire à l’école de Pétré. Il avait voilé la roue avant de sa bicyclette dans cette rencontre et le retour ne fut pas aisé.
Gérard a eu des rapports difficiles avec ses engins motorisés, à commencer par le vélomoteur Casenave avec lequel il percuta une bouche d’incendie. De retour du service, il s’acheta une Dauphine Renault qui partit en tonneaux au bout de 24 heures après un essai de vitesse la rendant bonne pour la casse. Il la remplaça alors par une 4 CV de la même marque, Raymond lui emprunta, et alors qu’il négociait un virage le capot du coffre avant se décrocha : Raymond n’y voyant plus rien alla au fossé, la 4 CV. prit feu et termina carbonisée la veille du mariage de Gérard avec Solange ; privant ainsi les nouveaux mariés de moyen de locomotion.