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bon article,reflete bien les sensibilites de la saga de notre famille issue du peuple "d'en bas dans le langage d'aujourd'hui" mais dont la réussite de chacun des 16 enfants est un exemple.Cet article mérite de figurer dans le site crée par un petit enfant de nos parents.(http://guinaudeau.chez.tiscali.fr) (http://guinaudeau.chez.tiscali.fr/index.htm)


guinaudeau adrien a sélectionné pour vous cet article de Bretagne.com

 
Claude Guinaudeau. L'avocat de l'arbre
Le spécialiste mondial de la haie brise-vent et de la reconquête du bocage n'a pas un arbre à lui. Mais s'il ne cultive plus désormais que la sérénité de la retraite, et accessoirement quelques fleurs, dans son jardin de Plouha, en Côtes-d'Armor, Claude Guinaudeau reste actif dans le domaine qui fut au cœur de sa foisonnante carrière : le paysage.
En matière d'aménagement paysager, le «modèle Guinaudeau» est une référence internationale. Au point que ce patronyme est presque devenu pour les professionnels un nom commun, comme le frigidaire, la durit et la poubelle...
En l'occurrence, il s'agit d'un type de haies qui mêle différentes essences locales, comme les agriculteurs ont su les faire pendant dix siècles. Une idée que Claude Guinaudeau a ranimée, alors que le modèle agricole productiviste des années 60-70 avait bien élargi les mailles du bocage. Les rares haies plantées alors étaient le plus souvent de rébarbatifs murs d'épicéas.

Ingénieur en jardinage

Mais Claude Guinaudeau ne réserve pas le bénéfice de ses compétences aux spécialistes : depuis près de vingt ans, il en fait profiter les lecteurs de notre journal sous le pseudonyme de Coatbleuniou. Sa rubrique du vendredi accroche l'œil même de qui n'a pas la main verte, par les somptueuses photos qui l'illustrent.
C'est un autre des talents de l'auteur, qui a réalisé autour des végétaux une collection de 100.000 diapositives. «Malgré tous mes voyages, je n'ai jamais raté ce rendez-vous hebdomadaire» souligne-il. Car ce «jardinier» de talent a semé sa science aux quatre vents du monde, et particulièrement du tiers-monde.
Fils d'agriculteurs vendéens, Claude Guinaudeau aurait peut-être pu reprendre la ferme familiale, puisqu'il était l'aîné de... seize frères et sœurs! «Mais l'ascension sociale, c'était de faire des études ou de devenir fonctionnaire. Nos parents ne nous ont pas poussés à rester à la terre».
La terre, Claude Guinaudeau ne s'en détachera pourtant jamais vraiment. Il évoque avec plaisir ce temps (heureux?) de la polyculture familiale, avec les multiples animaux de la ferme, la taille des vignes (car la Vendée produit de sympathiques petits vins) à laquelle il consacrait ses vacances de Pâques.
Comme la Bretagne, la Vendée est partagée en différents «pays» aux caractéristiques géographiques contrastées, et aux populations quelque peu antagonistes : le marais, la plaine et le bocage.
«Né aux confins des deux derniers, j'étais calotin par ma mère et anticlérical par mon père» souligne-t-il.

Le remembrement en Finistère

Après des études secondaires en lycée agricole, Claude Guinaudeau sort de l'école nationale supérieure d'horticulture de Versailles avec le titre d'ingénieur. Suit l'inévitable «stage» en Algérie, puis, en 1961, il découvre la Bretagne, où la Chambre d'Agriculture du Finistère lui offre un poste de chef du service foncier et forestier. C'est-à-dire qu'il est chargé de l'information sur le remembrement.
«On mettait déjà les agriculteurs en garde contre ses excès, mais c'était une opération nécessaire, car les partages successifs des terres avaient rendu les parcelles infimes» dit-il. Plus tard, peut-être pour faire mentir l'imagerie populaire qui traite les Vendéens de «ventres-à-choux», l'ingénieur participe avec la Sica de Saint-Pol à la «révolution agricole» bretonne. « J'ai contribué à la diversification des productions : les carottes, les endives et les échalotes se sont ajoutées aux choux-fleurs et aux artichauts».
Fort d'une expérience pionnière au siècle dernier sur le littoral vendéen, il lance même la culture de bulbes à fleurs pour le compte d'entreprises hollandaises. «Puis, nous avons décidé de produire les fleurs nous-mêmes». Voilà pourquoi en pays de Léon, de fières tulipes se haussent quelquefois au-dessus des têtes d'artichauts...

L'expert de la haie brise-vent

Court passage par l'industrie phytosanitaire «pour compléter ma formation par une expérience commerciale», puis Claude Guinaudeau trouve au sein de l'Institut pour le développement forestier, (organisme qui conseille les propriétaires de forêts privées dans la gestion de leur patrimoine), de nouvelles missions à la hauteur de sa vocation pédagogique. C'est là que la haie brise-vent devient sa matière d'excellence.
Nommé expert auprès des Nations-Unies, l'horticulteur transpose au Sénégal, au Mali, au Tchad et jusqu'en Chine, les méthodes mises au point pour les exploitations agricoles françaises. Il s'agit de lutter, d'urgence, contre la sécheresse et la désertification dans ces pays. «Tous les paysans du monde se ressemblent : indépendants, jamais découragés, viscéralement "patrons" de leur territoire» constate-t-il.
Le consultant de l'ONU, qui estime et respecte ces hommes de la terre de tous horizons, apprécie aussi le dépaysement que lui procurent ses déplacements professionnels. «Je n'aurais pas aimé voyager juste pour faire du tourisme».

Chocs culturels

Mais s'il se sent tellement à l'aise dans ces missions sahéliennes, c'est surtout, pense-t-il, parce qu'il a reçu dans sa jeunesse deux «chocs culturels».
«Lors d'un voyage d'étude aux Etats-Unis, j'ai été fasciné par l'exactitude, la rigueur dans le travail, l'organisation des Américains. Cela m'a beaucoup servi ensuite. La guerre d'Algérie m'a fait découvrir une autre culture, sans rapport avec ce que je croyais. Cette révélation a fait sauter un certain complexe de supériorité, et m'a définitivement mis à l'écart des problèmes de racisme».
Lauréat d'un concours pour l'aménagement paysager du site historique de Nouville, en Nouvelle-Calédonie, Claude Guinaudeau a mené encore bien d'autres chantiers : de l'embellissement des fermes (« ce sont aujourd'hui de véritables jardins » observe-t-il) à l'aménagement des sites industriels et des voies de circulation (TGV et autoroutes), il s'implique dans tout ce qui concerne le paysage.

Le goût de transmettre

Mais toujours, sa priorité consista à former des techniciens, eux-mêmes futurs conseillers dans ces domaines variés. «J'ai fait du développement toute ma vie» dit-il. «Le développement réussi, c'est apprendre aux autres à se passer de vous».
A 65 ans, Claude Guinaudeau, fixé dans la région natale de son épouse, n'entend pourtant pas que l'on « se passe » absolument de lui : s'il ne manie plus la bêche que pour son plaisir, il reste membre actif de plusieurs organismes professionnels, donne des cours à l'école forestière de Nancy, collabore à différentes publications, et trouve le temps de se livrer à une activité bénévole, en tant que... membre du jury national pour le fleurissement de la France.


   © Roselyne Veissi - Le Télégramme 02/12/2001

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